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Attribué à Ignaz Elhafen (1658-1715)
Estimation :
30000.00 - 40000.00 EURAttribué à Ignaz Elhafen (1658-1715)
Vénus au bain
Vers 1704-1715
Statuette sculptée en ronde-bosse en ivoire
H. : 24 cm
Elle repose sur une base carrée en bois plaqué d’écailles rouges et incrustés de motifs végétaux en cuivre et étain (H. 16,5 cm) et ornée d’un médaillon central en ivoire sculpté en bas-relief représentant Diane et ses nymphes surprises au bain par Actéon (Diam. :7,8 cm )
Poids de la statuette : 400 g et Poids du médaillon : 50 g.
Porte sous le socle trois étiquettes dont l’une porte l’inscription Lucas Feydherbe (1617-1694) / Venus a/Sockel/EE000 et les autres les numéros 1-08 et 828/ ½
Restaurations dans la coiffure et dans les placages de la base
Littérature en rapport :
-Christian Theuerkauff, ‘Studien zur Elfenbeinplastik des Barock, Matthias Rauchmiller und Ignaz Elhafen’, Dissertation Freiburg im Breisgau, 1964, p. 144, 326-327;
-Christian Theuerkauff, ‘Der "Helffenbeinarbeiter" Ignaz Elhafen’, in Wiener Jahrbuch für Kunstgeschichte, n° 21.1968 ; pp. 92-157, (p.110-111, ill. 127 et n°105.
-Christian Theuerkauff, Zu Francis van Bossuit (1635-1692), "beeldsnyder in yvoor, in Wallraf-Richartz-Jahrbuch,1975, Vol. 37 (1975), pp. 119-182
-Ss dir. Maraike Bückling et Sabine Haag, Elfenbein. Barocke Pracht am Wiener Hof, Liebighaus Skulpturen. Sammlung, cat.exp. 3 février -26 juin 2011, pp.183-211;
-Ss dir. Eike D. Schmidt, Maria Sframeli, Diafane Passioni. Avori barocchi dalle corti europee, Firenze Musei, Sillabe, cat Exp., 2013 .
Avec la statuette de Bacchus accompagné d’un putto passée en vente publique en 2009, cette délicate ronde-bosse en ivoire formait une paire d’une grande préciosité exécutée au tournant du XVIIIème siècle. Tout comme son pendant Bacchus dont elle partage une base similaire richement ornée, notre déesse appartenait à une de ces séries de sujets mythologiques dont les princes aimaient orner leur Kunstkammer. Ces statuettes en ivoire étaient savamment théâtralisées parmi d’autres objets de collection, telles les pièces d’orfèvrerie ou les naturalia pour le plus grand effet. Des réductions de sculptures antiques célèbres côtoyaient les inventions baroques contemporaines d’artistes devenus maitres dans la taille de l’ivoire. Notre statuette s’inscrit dans cette production de luxe, prisée par les plus grands collectionneurs européens. Elle a un temps été attribuée à Lucas Faidherbe 1617-1694) avant d’être donnée par Alain Moatti, dans les années 1980, au plus célèbre sculpteur sur ivoire de la seconde moitié du XVIIème siècle, le flamand Francis Van Bossuit (1635-1692).
Il est vrai que notre Vénus inspirée des Vénus pudiques antiques et le médaillon central figurant Diane surprise par Actéon présentent des compositions et des canons très proches des œuvres de cet artiste, comme en témoignent les quatre-vingt-dix gravures illustrant ses œuvres dans le recueil Beeldsnijder. Kunstkabinet de Matthijs Pool. Nos sujets n’y sont pas publiés, mais les silhouettes en chair et gracieuses, les visages pleins, les coiffures soignées, la délicatesse du travail des mains, l’agitation des plis des drapés - pour ne citer que ces détails - rappellent fortement le style de Van Bossuit. Si la qualité et la similitude de ces deux morceaux d’ivoire convergent vers le nom du tailleur d’ivoire le plus admiré de sa génération, il faut toutefois rappeler que son travail a marqué de manière durable toute une cohorte d’artistes contemporains œuvrant à Rome ainsi que des générations de sculpteurs de grand talent travaillant dans les centres de productions d’objets en ivoire, tels que Florence ou Vienne.
C’est d’ailleurs à l’un des plus importants sculpteurs baroques autrichiens, Ignaz Elhafen, qu’il faut plutôt rapprocher notre Vénus. Le Bayerisches national Museum de Munich conserve un bel ensemble d’œuvres de cet artiste né en 1658 dans le Tyrol. Le corpus, bien étudié par le spécialiste des ivoires baroques, Christian Theuerkauff, comprend huit statuettes finement sculptées dont une autre version de notre Vénus avec quelques légers détails différents dans la coiffure et la main gauche. Cette œuvre était initialement conservée dans la collection princière de l'électeur Johann Wilhelm von der Pfalz à Düsseldorf. La collection comprend également un autre exemplaire de notre Bacchus (à la ceinture de vignes vierges, couronne et visage aussi légèrement différents). Theuerkauff présentait déjà l’idée que la Vénus était apparié avec un jeune Bacchus, mais il identifiait comme partenaire une autre figure du Dieu de l’Ivresse ( N°inv. R 4701).
Ignaz Elhafen appartient, à l’instar de Matthias Rauchmiller (1645–1686) ou Balthasar Permoser (1651-1732) à cette génération d’artistes originaires des Pays germaniques qui se forment dans le terreau si créatif de l’Italie baroque, et notamment à Rome, avant de prendre des postes de sculpteurs officiels auprès des cours princières du Saint-Empire germanique. Formé à Innsbruck, Ignaz Elhafen semble avoir sculpté principalement le bois au début de sa car